Une femme debout dans une ville qui plie
Chronique : Les Lundis de Kamel Bencheikh - Paris- 2025-08-04
Ils ont encore défiguré Aïn Fouara. Une fois de plus. Comme on punit. Comme on
venge une idée qu’on ne supporte pas. Ils lui ont éclaté le visage à coups de marteau, dans le
silence d’une nuit sale, lâche, pleine de fiel. Pas parce qu’elle a insulté, provoqué, non. Parce
qu’elle est femme. Parce qu’elle est nue. Parce qu’elle est debout. Parce qu’elle n’a pas peur.
Aïn Fouara ne dit rien. Elle ne crie pas, ne bouge pas. Elle est là, depuis des décennies, à
donner de l’eau, à offrir son calme, sa beauté, son corps de pierre à une ville qui l’a longtemps
aimée. Et c’est précisément cela qu’ils veulent détruire. Ce n’est pas une statue qu’ils
frappent. C’est tout ce qu’elle représente. Une femme libre. Une femme visible. Une femme
sans voile, sans soumission, sans ordre ni permission. C’est insupportable pour eux. Alors ils
cognent. Sixième fois. Ce n’est plus un accident. C’est une campagne. C’est un avertissement.
C’est une guerre.
Je suis né à Sétif. J’ai bu mille fois à sa source. J’ai grandi sous ses yeux. Elle faisait partie de
nous. Une mère silencieuse, forte, belle. Et aujourd’hui je suis en feu. J’ai la gorge serrée de
colère. Ce qu’ils ont fait, ce n’est pas un simple acte de vandalisme. C’est une exécution
symbolique. C’est une façon de dire aux femmes : voilà ce qui vous attend si vous osez. Voilà
ce qu’on fait aux femmes libres, aux femmes debout, aux femmes dévoilées. Ses seins ? Un
affront. Son visage ? Une injure. Sa nudité ? Un blasphème. Mais surtout, sa si belle existence
même ? Un défi lancé à leur ordre obscurantiste, à leur vision sombre, funèbre, recroquevillée
hors du monde.
Ils n’ont pas seulement détruit un visage de pierre. Ils ont visé la possibilité même d’une
Algérie qui respire. Ils ont frappé la beauté, la liberté, l’art, la femme libre. Ils nous ont
frappés nous tous, qui continuons de croire que cette terre peut être autre chose qu’une prison
à ciel ouvert pour les vivants. Mais qu’ils le sachent : même brisée, elle reste debout. Et
chaque éclat de son visage brisé est un éclat de lucidité dans notre longue nuit. Elle tient
encore. Et nous tiendrons avec elle. Pour que le jour puisse se lever enfin sur ce pauvre pays.
Kamel Bencheikh
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